Quel sacré monstre !
Le monde semble épuiser sa beauté. Les maîtres s’en vont. Bientôt, nous serons condamnés à accepter la pollution sonore comme chef-d’oeuvre.
MCCOY TYNER, légendaire pianiste de jazz, s’en est allé sur la pointe des pieds. Il a attendu la fin du BLACK HISTORY MONTH pour tirer discrètement sa révérence. Le virtuose ne saurait se départir de l’élégance en quittant définitivement la scène. Les feux de la rampe se sont éteints sur un octogénaire qui paraissait avoir une décennie de moins. Sa disparition marque la fin d’une époque, celle des ESTHETES pour qui chaque note était soigneusement mesurée. Il s’était illustré dans le quartette de JOHN COLTRANE dont il était la colonne vertébrale, le plus jeune membre et l’unique survivant.
Je n’ai jamais autant pris plaisir à écouter un soliste aussi perfectible, le genre de plaisir qu’on éprouve en ingurgitant langoureusement un yaourt fruité. Etudiant, son solo sur “MY FAVORITE THINGS”, je m’en délectais en faisant mes devoirs. Ses BONNES notes m’en ont évité de MAUVAISES à l’école.
Le JAZZ élève l’esprit. Cet UNIVERS est épuré de cancres.
Maître TYNER, veuillez transmettre mes salutations jazzistiques à vos très distingués compères, JOHN COLTRANE, JIMMY GARRISON et ELVIN JONES.
“Many are called, but few are chosen”.